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L’empreinte écologique de la voiture electrique : un bilan à nuancer

voiture electrique tesla

La voiture électrique fait couler de l’encre depuis déjà quelques années. A l’heure où le développement durable gagne de l’importance dans les mentalités, la voiture électrique semble être la solution adéquate que tout le monde attendait. Et ce d’autant plus après le scandale Volkswagen de septembre dernier.

En effet, depuis cet incident, un spectre plane sur l’industrie automobile et ce dernier est représenté par la perte de confiance des consommateurs quant aux grands noms de l’industrie automobile, ceux-ci étant réduits à tricher pour atteindre les exigences européennes en matière d’écologie.

Dans un tel contexte, la seule pensée d’une voiture innovante qui pourrait à la fois mettre fin aux scandales et répondre aux nouvelles attentes des clients recueille la majorité des voix. C’est sûrement pour cette raison que Tesla Motors, Autolib’, Nissan Leaf sont des noms dont tout le monde aujourd’hui a entendu parler. Depuis quelques semaines, des rumeurs circulent même sur Internet comme quoi Apple, la multinationale des smartphones et des ordinateurs de luxe pourraient s’attaquer aux voitures électrique d’ici quelques années !

Pourtant, la conjoncture actuelle du secteur automobile est-elle vraiment positive ? La voiture électrique, même s’il est probable qu’elle devienne un moyen plus écologique de se déplacer dans les années à venir, semble surtout être à l’heure actuelle le réceptacle des tensions d’une société qui craint le réchauffement climatique et d’entreprises en ballottage qui cherchent le bon créneau.

Les avantages non négligeables de la voiture electrique 

Si vous avez l’occasion de discuter avec un conducteur de voiture électrique, vous serez agréablement surpris, en quelques minutes ce dernier vous aura largement convaincu d’échanger votre ancien véhicule pour un modèle électrique. Pourquoi ? En termes de confort cela semble être un must-have, très peu de bruit, une puissance notable au démarrage même sur des modèles classiques, une bonne réactivité ; tout le nécessaire pour supporter les bouchons avec sérénité.

Plus intéressant encore, lorsqu’elle circule, une voiture 100% électrique rejette 0% de CO2 dans l’air et par conséquent ne pollue pas à l’usage ce qui n’est pas le cas de ses collègues diesel et essence.

Les économies aussi sont importantes, l’électricité coûtant moins chère que le pétrole. Sur le long terme, une voiture électrique permet de réaliser des économies remarquables sur vos factures de carburant. Mais encore faut-il faire des kilomètres.

En effet, et c’est là où nous cherchons à en venir depuis le début de l’article. La voiture électrique n’est pas aussi vertueuse qu’elle n’y paraît, et plus précisément d’un point de vue écologique.

 

Un idéal à nuancer

Pour commencer, le coût : les économies dépendent de l’utilisation que vous avez de votre véhicule, mais il est évident que l’écart de prix entre l’électricité et le gazole ne permettent pas à la plupart des conducteurs de compenser le surcoût d’un véhicule électrique à l’achat.

Le plus choquant peut-être ce n’est pas le coût mais la pollution. Seriez-vous étonné si je vous disais qu’un véhicule électrique peut polluer plus qu’un modèle essence ou diesel ? Et pourtant cela peut être le cas, comme le montre les conclusions d’une étude l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe)¹.

Certes les voitures électriques ne polluent pas lorsqu’elles circulent, mais leur empreinte écologique ne doit pas se mesurer qu’à cela. Pour réellement comprendre l’impact écologique d’un modèle il faut raisonner du « puit à la roue » selon l’expression anglaise, c’est-à-dire en prenant en compte non pas seulement les émissions de carbone lors de l’usage du véhicule mais bien aussi le processus de fabrication, les matériaux utilisés ainsi que la provenance de l’électricité consommée pour rouler.

1. Le processus de fabrication

De même que pour tous les autres modèles, essence, diesel ou thermiques, l’empreinte écologique des véhicules électriques n’est mesurée que par leur émission de CO2 durant leur utilisation alors qu’elle devrait aussi comprendre leur processus de production, qui lui aussi émet des gaz à effet de serre.

Les modèles électriques sont donc faussement considérés comme plus écologiques parce que leur usage n’implique pas de pollution directe. C’est une omission dont l’origine vient des pouvoirs politiques selon Michaël Thémans, titulaire d’une thèse de doctorat dans la modélisation des transports de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne. Pour lui on ne peut donc pas reprocher aux industriels « d’optimiser leur stratégie commerciale et marketing en fonction des règles du jeu. »

La fabrication des batteries, par exemple, est tellement émettrice de CO2 qu’il faudrait avoir parcouru de 50 000 à 100 000 km en voiture électrique pour commencer à être moins producteur de CO2 qu’une voiture thermique. Soit 15 à 30 km par jour, 365 jours par an, pendant 10 ans !²

 

2. Les matériaux utilisés

Il se trouve, en plus, qu’un des matériaux essentiels à la conception d’une voiture électrique est le lithium, métal que l’on retrouve dans les batteries parce qu’il est très léger et qu’il convertit remarquablement bien l’énergie chimique en énergie électrique. Le lithium est pourtant une ressource périssable, très peu recyclée (95% des batteries usagées finissent dans des décharges) et dont l’extraction dans les pays qui la possède ne s’effectue pas dans les meilleures conditions possibles.

Le processus d’extraction du lithium utilise de l’eau, ressource déjà rare dans les régions andines (La Bolivie, Le Chili et l’Argentine représentants à eux trois environ 75% de la production mondiale), où l’on trouve le fameux métal, et pollue ce qu’il en reste au cours du pompage, laissant ainsi les populations voisines vivants d’agriculture et d’élevage dans des conditions précaires.

3. La provenance de l’électricité

Ce n’est pas tout, car la plupart des modèles électriques aujourd’hui en circulation fonctionne à partir de l’énergie nucléaire, qui rappelons-le représente près de 80% de la production électrique française. Et quand ce n’est pas à partir de l’électricité produite par le charbon,très émetteur de CO2, comme en Chine ou en Allemagne…

Comme le disait Stéphane Lhomme, directeur de l’Observatoire du Nucléaire lors d’une interview :

« Il y a une folie furieuse autour de la voiture électrique. Certes la voiture électrique ne pollue pas quand elle circule, mais elle pollue avant et après, et surtout elle délocalise la pollution autour des mines d’uranium et de lithium, des centrales nucléaires, des sites de stockage de déchets radioactifs. »

Autrement dit, la voiture électrique est loin d’atteindre ses objectifs quant au respect de l’environnement, même si cela semble compliqué : tous les constructeurs s’attendent à une explosion des demandes de véhicule électrique d’ici 2020. Sera-t-il possible d’ici là de trouver les moyens de couvrir ces besoins par des énergies propres ?

Nous ne pouvons que l’espérer et saluer au passage certaines initiatives tendant vers ce but : les conducteurs de véhicules électriques Nissan peuvent bénéficier s’ils le souhaitent d’un abonnement à la Compagnie Nationale du Rhône dans le but d’utiliser de l’électricité produite par des sources d’énergie complètement renouvelables (hydraulique, éolien, solaire).

 

 

Florent Guilbaud

 

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¹ Etude de l’ADEME sur l’Elaboration selon les principes des ACV des bilans énergétiques, des émissions de gaz à effet de serre et des autres impacts environnementaux induits par l’ensemble des filières de véhicules électriques et de véhicules thermiques à l’horizon 2012 et 2020, novembre 2013

² http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/10/23/emissions-de-co2-l-impasse-de-la-voiture-electrique_4795636_3234.html#cDo9AT3Gy6AMSgzE.99

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