13 mars 2024 nicolas

Émissions Carbone : historique et responsabilité par pays

Ce message est également disponible en : English

évolution des émissions CO₂ globales

CarbonBrief et OurWorldInData ont réalisé d’excellents articles pour montrer la contribution dans le temps des pays au réchauffement climatique.

Toutefois, en regardant les données – merci à OWID de les partager –  je me suis aperçu qu’ils cumulaient, année après année, le CO2 émis par chaque pays. Or comme le souligne le GIEC dans son rapport, une partie non négligeable de ce carbone émis ( 44% ) a été absorbé et ne contribue plus stricto sensu au réchauffement climatique.

Pourtant CarbonBrief, tout comme OWID, justifie de cumuler tout le carbone émis car celui contribuerait pendant des décennies. A l’appui de cette position, Carbon Brief  mets en avant une étude qui :

  • Vient souligner un défaut, selon eux, d’une étude précédente qui indiquaient que le pic de contribution du CO2 émis était d’une dizaine d’année.
  • Ils mettent en avant l’impact qu’à le niveau de carbone émis en étudiant plusieurs scénarios d’émissions, comme si le carbone était émis d’un coup, et à des niveaux 100x à 500x supérieurs aux émissions globales annuelles.
  • Ils défendent l’intérêt de leur étude en expliquant que « Ces émissions cumulées résultent d’une succession de petites impulsions d’émission, et le temps de réponse pour l’émission totale est le temps de réponse moyen pour ces impulsions individuelles. »… certes mais autant les 100GtC seront effectivement probablement atteint selon cette comptabilité, l’intérêt de simuler 1000GtC ou 5000GtC parait discutable.
  • Surtout ils indiquent eux-mêmes que « cela signifie que le réchauffement dû aux émissions de CO2 passées est faible et que le réchauffement futur sera largement déterminé par les émissions de CO2 actuelles et futures. »

Donc à part de l’auto-flagellation, la logique de comptabiliser toutes les émissions semblent pour le moins discutable

J’ai donc recalculé le total du carbone émis dans le temps, mais en l’affectant d’un facteur d’absorption. En me basant sur le fait qu’en 100 ans, environ 60% de l’excès de carbone a été absorbé par l’océan, et de même par la biomasse, j’ai pris un facteur d’absorption de 1.5% / an.

le graphique suivant donne donc cette évolution du carbone ( fossile + forêt et utilisation des sols ) dans le temps – parce que cela fait joli, sachant que l’essentiel est finalement l’impact aujourd’hui de ces émissions.

Cumulated carbon emission as of today impact ( millions tonnes of CO2 )

Credit: CO2 cumulative emission - made on observableHQ

OWID version - fully cumulated carbon - ( millions tonnes of CO2 )

Credit: Cumulated Emission - made with observableHQ

Indice d'intensité carbone par pays

Par ailleurs, dans leur recherche de responsables, ces sites réalisent des analyses par pays et également par habitant, blâmant tantôt l’individu ( per capita emissions) , tantôt le pays. Notamment Carbon Brief réalise 2 calculs qui « aborde la question de la prise en compte des tailles de population relatives… Ces approches donnent des résultats sensiblement différents, soulignant le défi que représente l’interprétation des émissions cumulées par habitant ». Outre le fait que les 2 méthodes utilisées tiennent à nouveau compte du total non « amorti » des émissions, elles ont le biais implicite d’ignorer l’éléphant dans la pièce, la taille de la population, vu comme une variable totalement naturelle et positive, donnant du coup effectivement une prime à qui est le plus gros ou,  plus exactement, puisque leur base est toujours l’émission par pays, qui est le plus gros par surface disponible. Car puisque l’on parle de ressources, d’une seule Terre, je suis surpris que jamais la question de la densité de la population n’intervienne dans le débat : n’est-ce pas de la responsabilité de chaque nation de faire une utilisation raisonnée des ressources, donc in fine de la surface disponible ? Quand l’Inde est quatre fois plus dense que la France et émet 10x plus de CO2 (en 2022) pour 6x la surface, est-ce vraiment la France le mauvais larron ?
Je propose donc d’ajouter un autre indicateur, les émissions par surface disponible c’est-à-dire un indice d’intensité carbone, qui compare les pays entre eux indépendamment de la population, parce que si chaque individu est responsable, les discussions et les compensations interviennent au niveau des États.

Credit: made with observableHQ

NB : un grand nombre de pays ont des indices nettement plus élevés ( Singapour, Bahrein, Belgique, Pays-Bas, beaucoup d’îles etc… ) mais on se limite ici à la liste des pays apparaissant ci-dessus 

Ce message est également disponible en : English

, , ,
1 Étoile2 Étoiles3 Étoiles4 Étoiles5 Étoiles (1 votes, average: 5,00 out of 5)
Loading...

Articles les plus lus